Quand la créativité prend son envol : une leçon venue d’un rectangle de solitude

Aujourd’hui, au Gem point d’attache, j’aimerais partager avec vous une expérience qui m’a profondément bouleversé, en tant qu’animateur d’atelier créatif au sein de notre association. C’est l’histoire d’une participante fidèle, une femme discrète, qui vient depuis plusieurs années et pour qui notre atelier est plus qu’un simple moment de loisir : c’est une bouée, une respiration hors du quotidien.
Souvent, elle s’installe avec ses Mandalas, qu’elle colorie patiemment et nous offre, comme un remerciement plein de douceur. Chez elle, sa vie semble centrée sur sa chambre, et sa sortie au GEM représente une rare évasion. Pendant longtemps, je m’interrogeais — et même, je m’attristais — de ce plafond qu’elle semblait s’imposer : toujours les Mandalas, jamais l’élan du dessin libre et inventif. J’avais tenté, timidement, de lui proposer un livre pour débuter le dessin… sans succès.
Puis, il y eut ce déclic au Gem point d’attache. Elle s’est glissée dans mon atelier de peinture acrylique, d’abord avec hésitation. Un premier essai, une déception. Je l’ai soutenue pour aller au bout de son œuvre. Le lendemain, à ma grande surprise, la voilà qui peint une coccinelle sans aucune esquisse – et quelle coccinelle ! Fraîche, vive, simplement parfaite.
Mais c’est au troisième atelier que le miracle s’est produit. Le thème était symbolique : le « rectangle de la solitude ». À l’intérieur de ce cadre, elle peint un arbre vert, riche de feuilles. Quelques feuilles tombent au pied du tronc. Je m’absente quelques instants, laissant les élèves libres dans leur création. Quand je reviens, je découvre son tableau achevé : le rectangle central répond maintenant à une bordure multicolore, à trois teintes dont ce jaune éclatant, en écho exact avec l’intérieur du tableau. Les couleurs vibrent, se répondent, se complètent dans un dialogue inattendu.
Je reste sans voix. Elle a, spontanément, composé son tableau comme le ferait un artiste accompli, comme John Beckley lui-même dans les premières touches de ses œuvres. Cette harmonie, cette intelligence de la couleur, ce sens du jeu des contrastes : tout y était.
Ce soir-là, rentré(e) chez moi, en repensant à sa toile, j’ai eu un choc. Ce n’était plus la participante timide que je connaissais, attachée à ses Mandalas protecteurs. C’était une créatrice, une artiste, qui venait de franchir un seuil, de casser une barrière. Son rectangle de solitude s’était ouvert sur un espace de liberté.
Cette expérience m’a rappelé à quel point la créativité peut surgir là où on ne l’attend pas, dans le gem point d’attache et combien il est important, dans nos ateliers, de laisser la porte ouverte à l’inattendu, à la surprise, à l’expression authentique.
À travers ce récit, j’ai envie de rendre hommage à cette participante, mais aussi d’encourager chacun(e) d’entre nous à croire en la formidable puissance de l’élan créatif qui sommeille en chacun.