Quand le fond devient un frein : comprendre la peur d’aller plus loin
Ce matin, une évidence m’est apparue à propos des ateliers que j’anime à l’œuvre Falret : de nombreux participants, après avoir créé un fond superbe, ne reviennent pas ou n’osent pas aller plus loin. Pendant longtemps, je ne comprenais pas pourquoi. Mais aujourd’hui, j’ai mis le doigt sur ce qui coince.
Proposer à chacun à l’atelier de commencer un fond, c’est leur offrir un terrain d’aventure : ils peuvent y exprimer une première intention, jouer avec les couleurs, les textures, les outils. Et ils y réussissent souvent très bien. Leurs fonds sont beaux, vivants, chargés de promesses. Mais c’est là, justement, que quelque chose se fige.
Une fois ce fond réalisé, la suite de l’aventure semble les tétaniser. Pourquoi ? Je pense maintenant que le fond, pour beaucoup, devient presque une œuvre en soi, un espace qu’il faudrait préserver. Il y a la peur de « gâcher », de faire un mauvais choix, de ne pas savoir « quoi ajouter » ou « comment faire » pour continuer sans tout ruiner. Le travail collectif (je réalise un modèle devant eux) ne suffit pas à lever l’inhibition.
Ce phénomène me touche, et je le comprends : à partir du moment où la feuille blanche (ou le carton toilé) s’est peuplée d’un fond réussi, il devient intimidant d’y poser la moindre marque supplémentaire. On redoute de faire une faute, de perdre la fraîcheur du début, de ne pas être à la hauteur de l’élan initial.
Comment aider à dépasser ce cap ?
Je commence à penser qu’il s’agirait peut-être d’intégrer autrement ce passage du fond à la composition. Créer un fond ne doit pas être une fin, mais seulement le début d’une exploration progressive. Peut-être faut-il rassurer, inviter au jeu, à l’erreur, à l’expérimentation sans enjeu.
Et si, ensemble, nous apprenions à aimer l’imprévu ? Que chaque ajout, loin de détruire, n’est qu’une nouvelle étape, une couche vivante, dans la création.
J’aimerais beaucoup échanger avec vous sur ce sujet : avez-vous déjà vécu ce blocage ? Qu’est-ce qui, pour vous, vous aide à avancer ?